La Valse du Chaos — Chapitre V
The Boiler Room
Notes de l’auteur : TW — Alcool, Sexe
« Sa séduction sera implacable. S’il ne tenait qu’à moi, j’en ferais un héros fatal comme je les aime. Fatal, c’est-à-dire décidant du sort de ceux qui les regardent, médusés. »
— Notre-Dame des Fleurs (1944) de Jean Genet
Les tintements des verres et les rires des clients accueillirent Wayan quand il franchit l’entrée d’un bar des environs. Les murs pavés répondaient au rouge saturé de la devanture, sur laquelle on pouvait lire « The Boiler Room ». La couleur s’effaçait dans la nuit, mais les lumières intérieures ricochaient agréablement sur le bois des tables rondes. Wayan inspira longuement et relâcha enfin la pression qu’il avait accumulée toute la journée. Il ne savait pas vraiment s’il allait avoir le courage de rester là toute la soirée. Rares étaient les autres asiatiques dans les bars gay qu’il fréquentait. Lorsqu’il passait leurs portes, Wayan n’échappait pas toujours aux oppressions qu’il subissait en permanence. Celle de sa sexualité se taisait alors que celle de son ethnie persistait. Il soupira. À peine la tension du travail s’était-elle évacuée que naissait celle de sa vie personnelle.
Wayan lorgna les places disponibles et décida finalement de s’asseoir sur un des tabourets qui faisaient face au comptoir, sous des guirlandes chaleureuses. Il ne put empêcher son regard de traîner sur les hommes parsemés sur son passage. Le bar s’ouvrait sur un grand espace, où trônaient plusieurs tables entourées de chaises en fer forgé noir. Quelques banquettes plus longues s’étiraient contre les murs. Un juke-box entouré de néons roses braillait à l’entrée d’une seconde pièce, qui donnait sur un billard délaissé. Wayan s’assit et ôta son blouson, qu’il cala sous ses fesses. Lorsque l’attention du barman s’agrippa à lui, il réussit à articuler : « Une bière pression ! » La télévision suspendue passait les informations en continu ; les bouteilles brillaient sous les lampes chaudes du bar. Ses pensées se tournèrent vers sa fin d’après-midi. Il avait pris le temps de rentrer chez lui, d’avaler un médicament contre ses maux de crâne de plus en plus fréquents, ainsi que les restes qui traînaient dans son réfrigérateur. Comme la lune n’avait pas encore envahi le ciel et que sa fatigue s’était dissipée, il avait bravé sa solitude et était sorti. Le barman posa la pinte devant ses yeux ; Wayan s’arracha un remerciement. Il repéra deux femmes enlacées à deux chaises de lui et ses lèvres s’étirèrent silencieusement.
Les minutes s’égrenèrent et le verre de Wayan se vida rapidement. Le barman s’approcha de lui avec une nouvelle bière qu’il posa devant ses mains. Wayan fronça les sourcils avant de lui jeter un regard plein d’incompréhension.
— Cadeau du jeune homme assis là-bas.
Wayan se tourna dans la direction que lui indiqua le barman. Il fit face à deux yeux rieurs qui le fixaient intensément. Derrière les prunelles amusées se dévoilait une peau claire constellée de grains de beauté sombres. De longs cheveux roux encadraient son visage et filaient le long de son dos et de son torse. Le jeune homme faisait l’effet d’une déflagration dans l’atmosphère paisible du lieu. Étrange que Wayan ne l’ait pas remarqué dès son entrée. Le sourire du jeune homme s’agrandit encore ; alors, malgré sa gorge nouée, Wayan se redressa légèrement. Il s’empara de sa pinte d’une main, sa veste de l’autre, puis s’approcha de son séducteur à la chevelure de flammes. Ce dernier s’était détourné, les jambes croisées sous la table. Il releva finalement le regard, l’ayant fait traîner un peu trop longtemps sur ses ongles par pur plaisir de prolonger les instants.
— Oui ? minauda-t-il avec un sourire innocent. Vous cherchez quelque chose ?
Sa voix était chaude, elle flottait sur les mots et restait parfois accrochée sur des tons plus rauques.
— Merci pour la bière… souffla Wayan sans savoir sur quel pied danser.
— Je vous en prie.
L’inconnu posa son menton sur la paume de sa main, un sourire naissant sur ses traits.
— Je peux m’asseoir ? demanda Wayan.
— Avec plaisir. J’attendais personne, de toute façon.
Wayan posa son vêtement sur la banquette en face du jeune homme. Il s’y assit, passa sa main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. Comme le silence s’éternisait et que l’autre ne paressait pas vouloir parler en premier, il se présenta enfin :
— Je m’appelle Wayan.
— Naël !
Les yeux de Naël au-dessus de son cocktail jouaient avec les lumières environnantes. Ils portaient un intérêt certain à Wayan, que ce dernier ne parvenait pas à ignorer.
— C’est un joli prénom, Wayan…
Il reposa son verre sur la table et mélangea distraitement son breuvage.
— … un peu comme vous.
Un sourire ravageur se dessina sur les traits de Naël, alors Wayan sentit les commissures de ses lèvres se relever malgré lui. Il baissa les yeux vers sa boisson en secouant ses mèches noires.
— Désolé, s’excusa Naël en éclatant de rire. J’ai pas trouvé de meilleure ligne de drague.
Un rire si cristallin et si naturel que Wayan en haussa les sourcils. Un fin sourire étira tout de même ses lèvres.
— Vous venez souvent ici ? s’enquit-il.
— Dans un bar gay, vous voulez dire ? sourit Naël. Quelquefois, pas souvent. En tout cas, vous êtes la première personne à répondre à mes appels de phare.
Naël fixait Wayan avec de grands yeux. Celui-ci souffla par le nez ; un semblant de rire. Naël l’accompagna et finit de siroter le fond de son cocktail.
— On peut se tutoyer ?
Wayan hocha la tête. Naël s’adossa un peu plus confortablement sur la banquette. Il leva les bras et s’étira, dévoilant son ventre encore plus clair. Wayan détourna les yeux pour les poser sur la télévision tandis que Naël souriait, accoudé à la table.
— Et donc, quel âge as-tu, Wayan ?
— Trente-sept ans, répondit-il en passant son pouce sur son menton. Et toi ?
— Seize !
Les doigts de Wayan se crispèrent autour de son verre.
— Qu’est-ce que tu fous là ? grinça-t-il.
Les yeux de Naël s’agrandirent avant qu’il n’explose d’un grand rire.
— C’est une blague ! s’exclama-t-il entre deux éclats. J’en ai vingt-huit !
Wayan haussa un sourcil circonspect. Naël lui sourit plus tendrement.
— Ça n’aurait aucun intérêt de te parler, sinon…
Wayan se massa lentement la nuque en observant Naël qui jouait avec sa paille. La discussion s’enchaîna naturellement, d’une fluidité qui le surprit. Peut-être était-ce un don des extravertis que de savoir parler de tout, mais quoi qu’il en soit, Naël était d’une compagnie remarquable. Les heures passèrent, durant lesquelles ils s’apprivoisèrent, sans même que Wayan s’en rende compte.
— Qu’est-ce que tu cherches comme genre de relation ? questionna Naël en vidant l’eau de son verre.
Wayan se gratta la joue.
— Je m’adapte, souffla-t-il.
— Moi, pas grand-chose de sérieux.
Naël sourit et croisa ses mains au-dessus de la table.
— On va chez toi ? ajouta-t-il.
Wayan n’hésita pas longtemps. Il acquiesça sans écouter les protestations angoissées de son cœur et, en quelques gorgées, il finit sa bière. Naël l’avait précédé au comptoir et Wayan l’entendit dire à l’employé qui l’encaissait en pointant leur table vide du doigt :
— Je vais payer pour ce charmant monsieur et moi.
Wayan leva les yeux vers le plafond, seulement il ne cacha pas son petit sourire. Naël l’entraîna par le bras jusqu’à la rencontre du vent glacial de la ville.
— Il est deux heures ! s’exclama-t-il joyeusement en sautillant sur un tas de neige.
Une nappe de buée s’échappa de ses lèvres, et ses pieds s’enfoncèrent dans la neige. Déjà deux heures ? pensa Wayan, surpris. Il sortit derrière Naël et observa la scène. Naël était une bouffée d’air ; son esprit alcoolisé lui permettait de l’affirmer avec conviction. Naël s’était éloigné de Wayan, avait attrapé un grand poteau. Le bras tendu, il se laissait glisser en rond autour, son rire se répandant sur son passage. Wayan planta ses mains frigorifiées dans ses poches à la recherche de chaleur et, en l’apercevant à quelques pas, Naël arrêta son manège. En quelques foulées, il fut auprès de lui.
— Alors ? C’est par où, chez toi ?
Avant même que Wayan puisse ouvrir la bouche pour parler, Naël fondit sur ses lèvres. Les yeux déjà clos, il s’agrippa fermement à sa veste et se haussa sur la pointe des pieds. Wayan ne se laissa surprendre qu’une seconde. Il ferma les paupières. La bouche de son partenaire, qu’il accueillait par la sienne, de plus en plus fougueuse, possédait un goût sucré, teinté par les cocktails alcoolisés. Naël laissa échapper des souffles qui électrisèrent sa peau. Leurs rythmes cardiaques s’emmêlaient en même temps que leur désir. Naël mordilla la lèvre inférieure de Wayan et il en tira un soupir plus profond que les autres. Il sourit alors que leurs corps se rapprochaient encore. Wayan passa une de ses mains dans son dos tandis qu’il agrippait sa chevelure chatoyante de l’autre. Il sentit la langue de Naël se frayer un chemin contre sa bouche, alors il l’ouvrit et elle caressa la sienne, lui arrachant un gémissement.
Naël recula doucement, les yeux troublés, la respiration rapide, les joues roses. Les éclats de plaisir dans ses yeux ne trompaient pas.
— La suite, ce sera à ton appartement, déclara-t-il avec une sournoiserie heureuse.
Il leur fallut peu de temps pour retrouver le chemin à travers les rues enneigées de New York. Les lampadaires éclairaient partiellement leur route, par intermittence, des lumières un peu trop vives dans la rétine. Ils riaient fort et c’était comme une renaissance pour Wayan. Le rire qu’il avait perdu à travers les cadavres et les décombres de son travail lui revenait peu à peu. Même si l’aventure avec Naël n’allait durer qu’un soir, il se sentait bien, là, la tête embrumée par l’alcool et ses pensées tournées vers l’homme qui zigzaguait à ses côtés.
— On y est bientôt ? se lamenta ce dernier.
À la recherche d’un peu de chaleur, il se colla à Wayan, qui lui assura qu’ils n’allaient pas tarder à arriver. Wayan glissa son bras autour des épaules de Naël et l’attira un peu plus contre lui. Leurs pas bancals et maladroits ignoraient la neige qui s’amoncelait devant eux.
De toute cette nuit, ce fut sûrement l’épreuve de la serrure qui fut la plus éprouvante. D’abord, il fallut chercher les clefs qui traînaient dans une des poches de la veste de Wayan. Naël prit un malin plaisir à vouloir l’aider en insérant ses mains glacées sous son t-shirt, et même plus bas. Wayan tentait de le repousser pour se concentrer sur sa recherche plutôt que les élans de plaisir qui le faisaient frissonner. Il finit par mettre la main dessus, puis il fallut insérer la clef dans la serrure de l’immeuble et tenter de ne pas réveiller les voisins. Wayan prévint Naël qu’il fallait faire attention à ne pas les déranger, d’une voix qu’il pensait murmurée. Le jeune homme acquiesça avec un peu trop de sérieux, mais il ne put retenir ses crises de fou rire longtemps. Elles éclataient de temps à autre alors qu’ils montaient les escaliers jusqu’au deuxième étage.
Une fois la porte de l’appartement de Wayan déverrouillée, Naël s’y glissa.
— Bien joué, partenaire.
Il ôta sa veste et massa son bras en se plaignant qu’il faisait bien trop froid. L’appartement de Wayan s’ouvrait sur un long couloir et plusieurs portes. Naël s’observa dans le miroir accroché dans le couloir. Il passa une mèche de ses cheveux derrière son oreille et sourit à son propre reflet. Il rejoignit Wayan dans sa petite cuisine aux tons gris.
— Il fait super froid, répéta Naël.
— Je compte sur mes nombreux amants pour réchauffer mon lit, déclara Wayan.
Son sourire en coin n’échappa pas à Naël, qui l’imita.
— Et t’en as beaucoup ? Des amants ?
Wayan haussa les épaules. Il lui tendit un verre d’eau, que Naël but d’une traite avant de le reposer dans l’évier. Leurs sourires amusés se confrontèrent. Naël approcha doucement son visage de celui de Wayan, mais il recula au dernier instant. Wayan fronça les sourcils alors que son partenaire se détachait de lui pour observer le couloir.
— Elle est où, ta chambre ?
— À droite et la porte à gauche.
Naël ôta maladroitement ses chaussures, qu’il laissa dans le couloir. Il trottina jusqu’à la porte blanche et découvrit l’environnement de Wayan : un grand lit double aux tons bleutés, une bibliothèque en bois clair, une imposante fenêtre surmontée de rideaux tirés, des étagères remplies de livres en tas et de babioles en tous genres. Quelques photos étaient accrochées au mur au-dessus du bureau. Une petite lampe et un gros bouquin trônaient sur la table de chevet. Des vêtements sales traînaient négligemment dans un coin, jetés à la va-vite.
— Comme je l’imaginais, lança Naël en s’avançant.
Il s’écroula sur les draps dans un soupir satisfait. Wayan referma lentement la porte derrière lui et rit avant de demander :
— Ah, parce que tu l’imaginais ?
— J’adore me demander à quoi ressemble la vie des gens. Et là, c’est exactement comme ça que je voyais ta chambre. Sobre et en bordel. Un peu comme toi. T’as l’air indifférent à tout et t’as l’air sérieusement en bordel, Wayan, et je dis pas ça parce que t’as seulement mis un t-shirt blanc pour aller au bar.
Naël ponctua ses paroles par un rire clair et un clin d’œil farceur. Wayan l’imita, puis se laissa tomber à quatre pattes au-dessus de lui.
— Wow, t’en sais bien plus sur moi que toute la terre réunie.
— C’est pas bien compliqué, se vanta Naël.
Il fit basculer Wayan sur le dos et s’assit à califourchon sur lui. Brûlant d’envie, il se pencha vers son cou, et son souffle se répandit en milliers de frissons sur sa peau. Wayan se tendait déjà, et Naël se releva légèrement pour contempler le visage de son partenaire. Il caressa doucement sa joue du bout des phalanges. Wayan se redressa sur un coude. Naël sourit. Il fondit sur la bouche de Wayan et la parsema de baisers enflammés, puis de son lobe jusqu’à ses clavicules.
— Tu sens la pêche, souffla Naël en humant son parfum.
Il se dit que, s’il repassait par ici un jour, il ne se lasserait pas de son odeur. Wayan glissa ses doigts dans les cheveux ondulés de Naël, promena son autre main sur ses hanches, sa taille.
— Naël, soupira-t-il lorsque les mains de ce dernier s’arrêtèrent à la limite de son t-shirt.
— Je peux ?
Wayan acquiesça. Ils échangèrent encore un baiser. Les mains de Naël parcoururent le ventre de Wayan, son torse, ses tétons. Il se décala, et Wayan en profita pour ôter son haut. Il s’assit à son tour et déposa des baisers sur la mâchoire de son amant. Après un soupir, Naël enleva le sien et le laissa filer sur le parquet. Ses bras s’accrochèrent autour des épaules de Wayan et il se pencha pour embrasser sa bouche. Wayan accueillit les lèvres de Naël avec délectation avant de glisser dans son cou. Il traça une ligne de feu avec sa langue ; le ventre de son amant se tordit de plaisir. Leurs échanges étaient fougueux, entre la flamme d’une bougie et un brasier ardent.
À chaque fois qu’ils s’aventuraient un peu plus loin, ils se plaisaient à écouter leurs râles et leurs gémissements. Leurs zones intimes se découvraient. Naël agrippait les draps, parfois avec force les cheveux de Wayan.
— Naël… soupira ce dernier lorsque les mains de son partenaire effleurèrent son sexe nu.
Wayan inversa les rôles. Il chercha sur la peau étouffante de Naël les endroits qui le faisaient gémir un peu plus fort. Naël se cambrait, griffait les épaules de son amant, susurrait son nom. Ils s’embrassèrent encore une fois et Wayan posa ses deux mains contre les joues de Naël. Il rompit leur échange et sourit contre ses lèvres.
— Tu veux le faire comment ?
— Je veux que tu me prennes, souffla Naël.
Wayan plongea ses iris émeraude dans ceux, ardoise, de son partenaire. L’expression intense de Naël fit vibrer son cœur et son bas-ventre. Ses lèvres entrouvertes appelaient les siennes. Son regard voilé, à demi-fermé par le plaisir, en demandait plus encore. Son visage rougi déjà rempli du désir qu’ils échangeaient, Wayan se pencha pour l’embrasser doucement. Ses mains effleurèrent son érection, les poils de son pubis, glissèrent vers son anus. Ses caresses convoquèrent d’autres plaintes de plaisir, alors Wayan sourit. Il se pencha vers sa table de nuit et en ressortit un tube de lubrifiant et une capote. Naël se redressa sur un coude pour observer les mouvements de son amant. Tentant de récupérer son souffle, il se mordit la lèvre inférieure alors que les doigts de Wayan se maculèrent de lubrifiant. Il plongea ses dents dans sa chair pour s’empêcher de gémir trop fort quand il sentit l’index de Wayan entrer lentement en lui.
— Tu me dis si ça te fait trop mal, murmura Wayan en se penchant vers Naël pour l’embrasser au coin de la lèvre.
— C-continue, Wayan, supplia ce dernier en nouant ses bras autour de son cou.
Plus ardents, plus violents, leurs cris changèrent. La nuit avançait sous leurs coups intenses de plaisir. Le lit se mit à grincer à voix basse. Ils murmuraient leurs prénoms, cherchaient leur extase. Ils déchirèrent l’emballage du préservatif, s’embrassèrent encore. Ils voulaient plus de l’autre.
— Bordel, t’arrête pas, gémit Naël en s’accrochant à la sueur de son partenaire.
Il glissa son visage dans le cou de Wayan et y planta ses dents. Wayan se mordit la lèvre, avant de donner un nouveau coup de reins. Naël courba ses orteils dans le matelas, noua ses doigts autour des épaules du policier. À chaque pulsation de Wayan, leurs esprits s’envolaient encore un peu plus. À chaque coup de bassin de Naël, tous deux se cambraient encore. Leurs doigts se lièrent sur les draps qui s’échappaient. Plus rauques, plus sauvages, leurs cris tanguaient.
— Bordel, bordel, souffla Naël. Oh, bordel, Wayan !
Naël resserra les fesses, les jambes, griffa de ses ongles les épaules de Wayan et se laissa engloutir par son plaisir. La vague qui happa l’homme aux yeux verts fut puissante. Submergés, ils se noyaient dans leurs orgasmes.
Wayan se retira de Naël et se laissa tomber à ses côtés. Il enleva le préservatif, le noua et le jeta au sol. À la recherche des vestiges de leur jouissance, ils soupirèrent, les respirations sifflantes.
— Ça va ? murmura Wayan en déposant un baiser sur le front de son amant. T’es venu ?
À bout de souffle, Naël acquiesça. Il retourna la question à Wayan, qui hocha la tête. Leurs corps cherchèrent naturellement leur chaleur, mais Naël se permit un murmure : « Je peux rester dormir ? » Quand Wayan huma l’air, Naël tira la couverture sur eux deux, puis posa son bras sur le torse de son amant. La respiration de Wayan se fit plus profonde et plus lente. Naël soupira de contentement ; les torpeurs du sommeil l’envahirent à son tour.
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